TENDUA - Association pour la sauvegarde de la biodiversité

Newsletter n°4

Exportation illicite de bois de rose et d’ébène de Madagascar

Outre les plantations de palmiers à huile en Indonésie ou de soja en Amérique du Sud, les forêts souffrent tout simplement de la coupe illégale des arbres pour les meubles.
En 2009, 52 000 tonnes de bois, soit environ 100 000 arbres – bois de rose et ébène - ce qui représente 14 000 ha de forêts du domaine forestier Masoala, classé Patrimoine mondial de l’UNESCO, ont été abattus et exportés principalement vers la Chine.
Bien sûr, il est légitime de se poser la question : comment se fait-il que l’on puisse piller autant d’essences précieuses d’une forêt primaire classée patrimoine mondial de l’UNESCO ? On évoquera la corruption locale, mais il faut aussi regarder du côté des importateurs (la Chine) et des transporteurs (CGM et Delmas). Quelles mesures peut-on prendre à leur encontre ? A moins que l’on ait le culot de nous opposer la nécessité de travailler pour limiter la misère de la population locale ? On fait souvent appel à une main d’œuvre qui n’est pas locale. Et les arbres coupés, que restera-t-il à cette population ?
Quoiqu’il en soit, le profit tiré de cette exploitation illégale ne concerne que quelques personnes – bien que les dégâts occasionnés nous concernent tous - et certainement pas la population malgache qui manifestait contre ces coupes illégales au printemps dernier.
C’est sans doute un non-sujet pour nos médias occidentaux…


Nouvelle cible : le pillage des océans

Non content de mettre en péril les forêts de la planète, l’homme s’attaque désormais au fond de nos océans. Il est vrai que la Mer l’a toujours fasciné mais cette fascination a tourné une fois de plus en conquête avec un objectif aussi long que celui du bout de son nez : son profit immédiat (argent et pouvoir) en laissant croire à des solutions pour le mieux-être de tous. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » nous prévenait Rabelais.

Un article du Figaro Magazine du 22 octobre dernier nous expliquait « comment le fond des mers allait changer nos vies […] : des organismes aux facultés incroyables qui intéressent à la fois les secteurs des médicaments, des minerais, des carburants. » L’article fait état d’un récent recensement inventoriant 6000 espèces marines découvertes par 2700 chercheurs au cours des 10 dernières années.
D’autres sources évoquent 230 000 espèces marines répertoriées au total, chiffre qui serait à multiplier par 5, voire 10 pour estimer la biodiversité de nos océans. En résumé, les évaluations varient de 1 à 10 millions d’espèces ; « potentielle pharmacie pour l’humanité », comme l’indique le journaliste.
On comprend alors l’ampleur des enjeux économiques : les Chinois ont investi officiellement 55 millions d’euros dans une base de recherche sur les mers profondes installée dans la baie de Quingdao, inquiétant par là même les États-Unis, la Russie, le Japon et la France qui espéraient sans doute pouvoir se partager le Graal des océans entre eux.

En effet, il semblerait que 25 à 30% des réserves énergétiques mondiales (minerais, gaz, hydrocarbures) se trouvent au fond de nos océans dont seulement 5% ont été explorés à ce jour. Notre planète, déjà très abîmée par les activités humaines de surface, est recouverte à 60% par les océans.
Ainsi les technologies battent des records : le nouveau sous-marin d’exploration chinois a plongé à 3759m, étant conçu pour atteindre les 7000m, supplantant le Nautile français qui lui ne descend « qu’à » 6000m et le Shinkaï japonais qui flirte avec les 6500m. Pour mémoire, à 1000m de profondeur, la pression est 100 fois supérieure à celle de la surface ; à 10 000m, c’est une pression de 1 tonne/cm2
On comprend donc que si les scientifiques s’intéressent aux abysses, ils ne pourront mener leurs projets qu’avec des budgets colossaux issus de ceux qui en détiennent les moyens financiers : les industries pétrolières, chimiques et pharmaceutiques qui espèrent bien commercialiser à terme les richesses abyssales.

Mais où, finalement, nous mènera cette course effrénée aux brevets et autres licences qui est déjà en cours sur des fractions de patrimoines génétiques d’organismes marins de haute mer et donc « n’appartenant » à aucun pays ?
Serait-ce à une humanité se disant « meilleure » et passant par la destruction d’écosystèmes millénaires tout récemment découverts par l’homme ?
Après avoir coupé les arbres, poumons de la Terre, détruit les écosystèmes, modifié le climat par nos activités industrielles, faut-il aussi vider les océans au nom du « progrès » de notre société dite civilisée ?


Quatrième Semaine européenne pour les requins : 9-16 octobre 2010

L’Espagne est depuis longtemps le pays d’Europe qui capture le plus grand nombre de requins. C’est aussi l’un des deux pays de l’UE à permettre aux pêcheurs d’enlever en mer les nageoires des requins. Bien que ces dérogations exigent de conserver les corps des animaux, l’enlèvement des ailerons en mer rend le contrôle difficile et limite le risque d’être détecté. L’année dernière, lors de la 3e semaine européenne pour les requins (10-18 octobre 2009), une pétition était organisée à l’adresse du Premier Ministre Espagnol afin d’interdire la pratique du finning.
En janvier 2010, plus de 90.000 signatures de 16 pays européens (dont 20.000 pour la France) ont été remises à M. Zapatero, lui demandant de renoncer à s’opposer au renforcement de l’interdiction européenne de l’enlèvement des ailerons (finning) et de soutenir les initiatives de l’UE vers une réglementation plus efficace de l’enlèvement de nageoires. Depuis, l’Espagne a pris l’initiative d’une étude pilote sur les ailerons attachés au corps, dont les résultats sont attendus.

Cette année, pour cette 4e semaine européenne des requins, la campagne de Shark Alliance s’intitulait « Finning : coupons court aux abus ».
L’objectif était de démontrer aux Membres du Parlement Européen (les parlementaires européens sont, depuis la signature du traité de Lisbonne, co-décisionnaires en matière de pêche) l’intérêt de leurs circonscriptions pour le renforcement du règlement européen sur le finning. Lors de la semaine suivant la semaine européenne pour les requins, de nombreux Membres du Parlement Européen, ayant reçu des emails, cartes postales, courriers de toute l’Europe, ont ainsi signé la Déclaration Ecrite [4] concernant le renforcement du règlement européen sur le finning.

La manière la plus simple et la plus efficace de mettre en œuvre cette interdiction est d’exiger que les requins soient débarqués au port avec leurs ailerons encore intacts, « naturellement attachés ».
L’obtention de la moitié des signatures de l’Assemblée parlementaire permettrait que cette déclaration devienne une position officielle du Parlement. C’est pourquoi il est important de solliciter vos eurodéputés avant le 10 décembre 2010, en participant à cette action déterminante pour la survie des populations de requins.

Rendez-vous sur www.sharkalliance.org pour solliciter votre représentant au parlement européen. Et dans votre quotidien, merci d’être à l’affût et de nous signaler les produits contenant du squalène animal (cosmétiques, compléments alimentaires) ou les traiteurs et restaurants proposant du requin à leurs menus.


[4Une Déclaration écrite est une procédure du Parlement européen par laquelle des députés présentent à leurs collègues un texte à signer. Les Déclarations écrites peuvent être utilisées pour lancer le débat sur un sujet relevant du mandat de l’UE. Si une Déclaration écrite est signée par une majorité de députés avant le 20 décembre 2010, elle sera approuvée par la session plénière du Parlement et transmise à la Commission qui révise actuellement l’interdiction du finning des requins par l’UE.

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