TENDUA - Association pour la sauvegarde de la biodiversité

Les lions du désert de Namibie

Présence du Lion en Namibie
Présence du Lion en Namibie
DR

Le projet de conservation des lions du désert du Namib couvre une superficie de 51.380 km2 depuis la région de Kunene qui comprend le Palmwag, les concessions Etendeka & Hobatere, le parc de Skeleton Coast et les conservatoires communaux limitrophes. La répartition des lions en Namibie est limitée au Parc National d’Etosha, la Réserve de Kaudom, certaines parties des districts Tsumkwe, la région de Kunene, et la région de Caprivi.

Ce vaste territoire, constitué d’espaces protégés et d’environnements hyper arides, n’abrite qu’une population d’environ 150 lions.
C’est pourtant grâce au travail mené depuis 28 ans par le Professeur Stander que cette population menacée a pu croître, passant d’une vingtaine d’individus au démarrage du programme à 150 aujourd’hui.

Cet accroissement de la population de lions ne se fait pas sans conflits avec les populations locales : les lions s’attaquent au bétail des populations rurales qui, en représailles, les piègent et les tuent au fusil ou en les empoisonnant.
TENDUA soutient le programme de conservation des lions du désert dont les différents aspects sont développés ci-après.

Biologie

Les lions sont parmi les félins les plus reconnaissables : un pelage fauve, le ventre et une queue touffue un peu plus clairs. Ils ont cinq doigts sur les pattes avant et quatre doigts sur les pattes arrières, avec des griffes acérées entièrement rétractables. Les mâles, reconnaissables à leur crinière, sont puissants. Les lions sont les plus grands carnivores de Namibie. Les mâles adultes pèsent entre 160 -240 kg et les femelles adultes entre 100 à 170 kg.

Empreintes

Patte avant d
Patte avant d’un lion adulte
Patte avant : 129x138mm - DR

Les empreintes des lions mâles sont plus grandes que celles des femelles. La patte avant est beaucoup plus large que la patte arrière. Les mesures moyennes pour les mâles sont (largeur x hauteur) : patte avant - 129 x 138mm et patte arrière - 118x 137mm.


Vie sociale

Leonardo, équipé d
Leonardo, équipé d’un collier en 2008, tué en 2010
© P. Stander

Le lion est le seul membre vraiment social de la famille des grands félins. Il vit en troupe de 4 à 30 animaux. La taille des troupes et de leur domaine vital dépend de la disponibilité de la nourriture. Quand les proies sont abondantes, les troupes de lions ont tendance à être plus grandes et leur territoire plus petit. On a compté jusqu’à quatre mâles adultes vivant dans une même troupe. Les mâles subadultes quittent leur troupe d’origine pour devenir nomade ou former de petits groupes. Les lions sont plus actifs la nuit, moment privilégié pour la chasse. Pendant la journée, ils se reposent à l’ombre.

Après une gestation de 104 à 110 jours, la lionne donne naissance à une portée de 1 à 6 lionceaux dans un endroit isolé comme un fourré ou de hautes herbes. La mère cache ses lionceaux qui ne rejoignent le reste de la troupe que lorsqu’ils atteignent 3 à 6 semaines. Les lionnes qui allaitent permettront aux autres lionceaux de la troupe de les téter. Cela étant, la mortalité des lionceaux est élevée puisqu’elle atteint 80%, principalement à cause du manque de nourriture.
Le lion devient indépendant vers 3 à 4 ans. Les lions mâles peuvent vivre jusqu’à 10-12 ans et les femelles jusqu’à 12-16 ans.
La mortalité des adultes est essentiellement liée aux hommes qui les tuent par empoisonnement, tirs au fusil et pièges. Le deuxième facteur de mortalité est une blessure qui empêche l’animal de se nourrir.

Lionnes et lionceaux
Lionnes et lionceaux
© P. Stander

Les femelles vivant en groupe, leurs chaleurs (œstrus) sont souvent synchronisées et elles mettent bas à la même période. Les femelles partagent ainsi l’éducation des lionceaux. Outre les liens qui se tissent au sein de la troupe, cette co-éducation permet également un meilleur taux de survie des petits.

La communication

Animal social, le lion offre une palette riche de sons et d’attitudes qui lui permettent d’échanger avec les autres membres de la troupe, qu’il s’agisse d’exprimer ce qu’il ressent (colère, inquiétude, contentement...) ou de signifier aux intrus qu’ils ne sont pas les bienvenus.
Le rugissement du lion est célèbre, et c’est grâce à la structure cartilagineuse souple de l’organe soutenant son larynx et la forme de ses cordes vocales. Le lion ne peut réellement rugir qu’à partir de l’âge de 2 ans. La portée du rugissement est en moyenne de 5 km.

discussions entre lionnes ...

Outre son rugissement, le lion n’est pas avare en matière de communication : on lui reconnaît au moins 8 autres sons distincts : grognements, grondements courts ou prolongés, reniflements, soufflements, glapissements, « miaulements » et « couinements » chez les lionceaux. Ce sont autant de moyens pour les lions de se rassurer, de communiquer entre eux et d’exprimer leur inquiétude, leur colère, leur contentement, … Et au-delà du langage « oral » des lions, tout comme nos chats domestiques, ils possèdent un langage corporel complexe, fait de mimiques faciales et de postures qui font la joie des photographes !


L’approche du projet de conservation

Les conflits hommes-lions sont sans doute la plus grande menace pour les lions en Namibie, et ailleurs en Afrique.
Une gestion proactive des conflits hommes-lions est nécessaire afin d’assurer la conservation à long terme de l’espèce.

En 1998, le Docteur Philip Stander a commencé un projet de recherche intensive sur les lions du désert (Projet de conservation des lions du désert) dans le but de recueillir des données écologiques solides, de trouver des solutions aux conflits hommes-lions, et de développer une stratégie de conservation. La recherche appliquée et les données scientifiques fiables sur les mouvements des lions et leur dispersion, et sur les mécanismes écologiques qui régulent la population sont essentielles à ce processus.

Les lions âgés de plus de deux ans sont équipés de colliers émetteurs radio ou satellite. Ils sont suivis et observés afin d’enregistrer leur comportement, leurs mouvements, leurs modèles de groupe, la reproduction et la mortalité. Le suivi se fait à l’aide du GPS et de la technologie satellite, par un avion léger (équipé de matériel de radio-pistage) et par véhicule. Les observations directes et le suivi des lions sur le terrain pendant de longues périodes sont le principal moyen de collecte de données. On conserve des enregistrements individuels de chacun des lions de la population.
L’accent est mis sur les lions qui se dispersent et occupent de nouveaux habitats, et sur ceux qui vivent près des communautés locales. Les conflits hommes-lions sont traités par l’élaboration de plans de gestion des conflits localisés.

P. Stander sur le terrain
P. Stander sur le terrain
© P. Stander

Le Docteur P. Stander est l’expert namibien le plus reconnu en matière de félidés, tout particulièrement sur les lions adaptés au désert. Il est le seul à travailler à plein temps sur cette population à laquelle il a consacré ces 14 dernières années. Docteur en zoologie de l’Université de Cambridge en 1994, sa thèse sur l’évolution sociale des félidés a été récompensée par le prix « TH Huxley » de la Société Zoologique de Londres (LZS). Il a travaillé 28 ans au sein du Ministère de l’Environnement et du Tourisme namibien (MET), et a été en charge de l’étude des grands carnivores du parc national d’Etosha dans le Bushmanland et dans la région du Kunene.

Objectifs du projet de conservation des lions du désert

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La 2e lionne Xpl17 équipée d’un collier, née en 1995 et morte en 2008. On lui connaît 5 portées dont 8 lions devenus adultes.
© P. Stander

1. Recueillir des données écologiques de base sur la dynamique des populations, le comportement et les mouvements des lions.

2. Surveiller les principaux paramètres écologiques et biologiques de la population de lions du désert.

3. Surveiller la fréquence et l’impact des conflits entre les personnes et les lions.

4. Élaborer et mettre en œuvre les plans de gestion des conflits hommes-lions au niveau des locales.

La progéniture de Xlp-17
La progéniture de Xlp-17
© P. Stander

5. Développer et promouvoir des formes d’éco-safaris spécialisés « lions » et autres projets de développement durable.

6. Collaborer avec le gouvernement, les communautés locales et les ONG pour la conservation du lion.

7. Mettre à la disposition du public des informations importantes grâce à leur publication et à internet.


Conclusion

Le lion est une espèce hautement adaptable et endurante. Les résultats des recherches actuelles montrent que les lions du désert peuvent survivre dans des conditions extrêmes. Ils peuvent se passer de boire et se nourrissent d’oryx, d’autruches, et occasionnellement d’otaries. Dans des conditions favorables, ils se reproduisent rapidement et sont prompts à se développer dans des zones d’habitat qui leur conviennent.

Comment gérer les conflits hommes-lions ?

Les lions du désert de Namibie se trouvent la plupart du temps en dehors des zones protégées dans la région de Kunene. Les paysages uniques du désert du Namib nord et une faune abondante d’un haut niveau d’endémisme, font de la région de Kunene un spot touristique important.

La valeur de cette population unique de lions du désert est capitale pour l’industrie du tourisme namibien. Mais bien que les lions du désert soient précieux pour le tourisme, les communautés locales doivent partager leurs terres avec ces carnivores vivant en liberté. Les lions s’attaquent souvent aux animaux domestiques et les éleveurs réagissent en tuant les lions au fusil ou par empoisonnement afin de protéger leur bétail. Si les communautés locales doivent supporter le coût de la vie avec les lions, elles ne partagent pas toujours les bénfices du tourisme.

Pour assurer la conservation à long terme des lions du désert, il est nécessaire, outre l’étude de l’éthologie de leur population, de gérer les conflits survenant avec les hommes.
Le projet « Lions du désert » met ainsi en place un programme d’éco-tourisme durable orienté lions, avec des avantages tangibles pour les communautés locales.

Densité des lions du désert
Densité des lions du désert
DR

La conservation des lions dans la région de Kunene contribue à une gestion proactive des conflits hommes-lions en étudiant la densité, la démographie et l’écologie des populations de lions. Grâce à la recherche appliquée et au suivi, l’étude rassemble des données scientifiques fiables qui permettent d’élaborer les stratégies de gestion et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de conservation du lion.


Détails des études

Les lions namibiens ont été étudiés et suivis de manière intensive depuis 1980 (Junker & Stander 2001). L’Atlas Carnivore (Stander & Hanssen 2004) estime une population de 562 à 894 lions en trois catégories de densité de distribution (ci-dessous). Il existe cinq sous-populations, et la population réintroduite (Kalahari Game Lodge) est isolée. L’aire de répartition de faible densité représente à la fois les lions résidents, à faible densité, et les lions nomades ou dispersés. Il y a de bonnes preuves que les lions se déplacent entre les sous-populations de Kunene / Etosha et entre les sous-populations de Caprivi / Kaudum. Les deux sous-populations occidentales sont effectivement coupées à l’Est, où les lions font partie d’une population plus importante reliant l’Afrique du Sud et de l’Est.

Le projet met en œuvre des programmes de surveillance pour les quatre sous-populations de lions, toujours avec l’objectif d’aider et de développer des stratégies de conservation efficaces.
Les troupes de lions, les sous-groupes et les individus équipés de colliers GPS sont divisés en neuf zones. Cette division est basée sur les habitudes et les mouvements de regroupement des lions observés au cours des 12-15 dernières années, de leur habitat et des rivières éphémères.

troupes de lions suivies par GPS
troupes de lions suivies par GPS
DR

La carte ci-contre indique les zones approximatives des neuf principaux groupes de lions.

IMPORTANT :
La population des lions en Afrique est en fort déclin à cause des activités humaines : exploitation agricole et urbanisation de la savane sous l’effet du fort accroissement démographique. Les lions sont classés espèces VULNERABLES par l’UICN, ce qui signifie qu’il y a un risque élevé de disparition de l’espèce à l’état sauvage.
Les estimations oscillent aujourd’hui entre 20 et 25 000 lions alors qu’on en comptait au moins 100000 dans les années 60.
Des populations encore sauvages essaient de survivre au Mali, en Somalie, au Kenya et en Namibie. Les parcs, comme le Krüger en Afrique du Sud, « gèrent » les plus fortes populations (10% de la population totale dans le seul Krüger Park).

Lion mâle
Lion mâle
© P. Stander

Portfolio

  • La Namibie en Afrique
  • Empreinte de la patte arrière d'un lion adulte

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