Chers Adhérents et Amis de la biodiversité,
Déjà 2018 se termine ; TENDUA a fêté ses 10 ans cette année. Nous poursuivons nos objectifs, un vrai travail de colibri (!) : partage de connaissances et sensibilisation, actions et soutien. Voici notre 15ème Newsletter, en espérant que vous prendrez autant d’intérêt à la lire que nous en avons pris à l’écrire..
Trois sujets dont nous avions envie de parler : qu’est-ce que la biodiversité ? Quels sont les rôles de ces micro-organismes appelés phytoplancton, dont nous aurions beaucoup de mal à nous passer...
De l’infiniment petit, nous nous envolerons vers l’espace qui n’échappe pas non plus à la pollution humaine.
Puis, dans l’« Actualités des projets », nous ferons un point sur les projets soutenus par TENDUA : celui de SVAA et des gibbons Hoolock de l’Ouest en Inde avec le récit du relâché de Boopy ; celui de TOSCO pour les lions du désert du Namib ; et aussi sur la protection du loup en France avec le collectif CAP LOUP. Concernant les projets de TENDUA en 2018 : à La Réunion, éco-volontariat pour les cétacés et lutte contre la pêche aux requins. Nous avons également reçu des infos sur un dugong de mer Rouge égyptienne qui doit survivre parmi les kitesurfers.
Et comme la nature n’en finit pas de nous étonner, voici une rubrique « Insolite » qui évoquera les crottes carrées du wombat ! Quelques dates pour votre Agenda, avec, notamment, la prochaine marche pour le climat le 8 décembre 2018.
Bonne Lecture !
Biodiversité, phytoplancton et pollution spatiale
LA BIODIVERSITÉ EN QUESTION
La biodiversité, c’est la richesse du vivant, c’est la diversité biologique : celle des écosystèmes, celle des espèces (diversité spécifique) et des communautés, et celle de la génétique (au sein d’une même espèce). Plus simplement, c’est l’ensemble de toutes les relations que tous les êtres vivants ont établi entre eux et avec leur environnement. La diversité des formes du vivant est depuis longtemps étudiée scientifiquement et source de débats philosophiques. Cela étant, le mot « biodiversité » n’est apparu qu’en 1985 ; c’est la contraction de « diversité biologique ». Et malgré tous les travaux qui lui sont consacrés depuis toutes ces années, la compréhension de ce qu’est la biodiversité, et plus récemment les politiques supposées aider sa préservation, restent des sujets de société globalement non résolues, malgré des initiatives locales encourageantes mais largement insuffisantes..
Une espèce disparaît toutes les vingt minutes, un rythme 100 à 1000 fois supérieur au rythme « naturel », soit avant la domination d’Homo sapiens. Bien sûr, ce n’est pas la première extinction de biodiversité : la précédente a été la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. On parle désormais de la 6ème extinction de masse de la biodiversité, et cette fois, ce ne sont pas des causes naturelles (chutes de météorites, volcanisme, cataclysmes...), mais c’est à cause de nos activités humaines et de nos façons de vivre.
Le nombre d’animaux vivant sur Terre a diminué de 50% depuis les années 70. Le nombre de tigres sauvages a chuté de 97% pendant le XXe siècle. Plus de la moitié des océans est désormais soumise à la pêche industrielle.
Pour protéger au mieux cette diversité, les scientifiques estiment qu’il faut comprendre les principes écologiques fondamentaux qui la gouvernent. Or, après plus d’un siècle de recherches, les scientifiques ne comprennent pas encore tout à fait comment fonctionnent les interactions entre les formes de vivant dans un même écosystème, et comment cette biodiversité se maintient. Ce que l’on sait, c’est que plus il y a de biodiversité dans un écosystème, plus ce dernier est capable de s’adapter aux changements qui pourraient survenir (maladies, accidents climatiques ou autres). C’est ce que l’on appelle la résilience.
Théorie des niches
Depuis Darwin et sa théorie de la sélection naturelle (1859) qui favorise l’espèce la mieux adaptée à un milieu donné, c’est la théorie des niches qui a remporté la préférence des scientifiques. Cette théorie expliquait la répartition inégale des espèces dans un écosystème. Selon cette hypothèse, si une espèce possède une niche écologique spécifique dans laquelle elle domine, cela signifie qu’elle occupe un habitat et exerce une fonction sur le plan trophique (c’est-à-dire au niveau du réseau alimentaire « proie/prédateur »), bien déterminés dans l’écosystème. Selon cette théorie, deux espèces de niches identiques ne peuvent cohabiter. Seules des espèces suffisamment différentes - notamment en ce qui concerne l’utilisation des ressources afin d’éviter la compétition - peuvent partager un même habitat. Or, dans la nature, dans un écosystème sain, on arrive à observer deux, trois, voire même plus d’espèces compétitrices qui cohabitent.
Théorie neutre : la parfaite harmonie
Pour expliquer le maintien de la richesse de cette biodiversité au sein d’un écosystème, des chercheurs ont alors proposé un principe opposé : la théorie dite « neutre ». Selon cette hypothèse, si toutes les espèces, placées dans les mêmes conditions de milieu, présentent les mêmes performances en termes de taux de natalité, de mortalité, de dispersion et de spéciation, de régulation, cela signifie qu’aucune d’entre elles ne domine les autres. Pas de compétition, pas d’exclusion interspécifique. Seul le hasard par les processus de colonisation-extinction serait à l’origine des différences observées.
La biodiversité est-elle « synaptique » ?
On peut déjà convenir que la nature est plus complexe que ne le sont les tentatives de modélisation des scientifiques. Les relations « inter et intra-spécifiques » ne sont pas encore comprises. Pourrait-on les comparer aux connections des synapses de notre cerveau ? On sait qu’elles (se) créent, existent, évoluent, s’adaptent, meurent. On ne sait pas vraiment comment, ni pourquoi. D’où la difficulté à modéliser les écosystèmes présents et le danger que représente la disparition de cette richesse du vivant : nous n’en avons pas la connaissance que déjà il disparaît sous nos yeux tous les jours. Alors, dans de telles conditions, comment prévoir l’avenir de la biodiversité, comment prévoir NOTRE avenir, celui de notre espèce...?
Nous perdons de vue une évidence : l’humain appartient profondément et intimement à cette nature : dans chaque corps humain, il y a un petit océan, trois fois moins salé que l’océan de la planète. Il n’y a pas l’humain d’une part, et la nature d’autre part. L’humain est partie intégrante, qu’il le veuille ou non. La nature satisfait nos besoins de base comme l’air que nous respirons, l’eau et la nourriture dont nous avons besoin (cf. « Les service écosystémiques »).
D’un point de vue esthétique, chacune des millions d’espèces est unique, une ouverte d’art naturelle qui ne pourra jamais être reproduite une fois disparue. “Chaque organisme un peu évolué est plus riche en informations qu’une peinture du Caravage, une fugue de Bach, ou n’importe quel autre oeuvre,” a écrit le Professeur Edward O Wilson, souvent appelé le “père de la biodiversité”. Pourtant, l’humain continue à nier l’évidence de la biodiversité, comme s’il n’était pas concerné par la disparition de cette richesse nécessaire : on détruit, on pollue, on dissémine, on surexploite, on s’empoisonne. Les conséquences de la disparition de la biodiversité sont les famines, les migrations, les maladies, les pandémies, les guerres...Est-ce l’avenir que nous voulons ?
“Sans la biodiversité, Il n’y a pas d’avenir pour l’humanité”, précise le Professeur David MacDonald de l’Université d’Oxford.
Que peut-on faire ?
Donner à la nature de l’espace et la protection dont elle a besoin est la seule réponse. Les réserves de vie sauvage sont LA SOLUTION évidente.. Actuellement le monde ne protège que 15% des terres et seulement 7% des océans. Mais il faudrait préserver au moins la moitié de la surface terrestre pour la nature... En parallèle, nous pouvons tous aider à sa protection. La plupart de la vie sauvage est détruite à cause de terres que l’on destine à l’élevage (bétail), au soja, à l’huile de palme, au bois, au cuir. Nous consommons ces produits tous les jours : l’huile de palme, par exemple, est présente dans la nourriture et les produits d’hygiène. On aide la biodiversité en modifiant notre façon de vivre, en consommant moins et en choisissant des produits issus du développement durable. Par exemple, manger moins de viande, notamment moins de viande de boeuf car sa production a une empreinte environnementale incroyablement élevée. Pour d’autres idées, voir notre article.
Une autre approche serait de mettre en évidence la valeur de la biodiversité en estimant la valeur financière des services écosystémiques que la nature fournit. C’est discutable car comment évaluer ce qui n’a pas de prix ? Cela étant, suivre le modèle de la nature permet de faire des économies : pendant les 20 dernières années, New York a dépensé 2 milliards de dollars à la protection du bassin de drainage naturel qui fournit la ville en eau propre. Ca marche très bien : à 90 %, l’eau n’a besoin d’aucun nouveau filtrage. La construction d’une usine de traitement de l’eau aurait coûté 10 milliards de dollars...sans compter ce qu’il aurait fallu détruire pour la construire.
Malheureusement, partout dans le monde, si les solutions technologiques existent, ce qui manque vraiment, c’est la volonté politique, soumise aux lobbies industriels et sourde aux demandes des citoyens.
Sources : IRD-Nouvelle Calédonie Fiche 333 ; Gilles Bœuf (MOOC Biodiversité & Changements globaux) ;
The Guardian
LE PHYTOPLANCTON ET LA BALEINE !
« On a souvent besoin d’un plus petit que soi « : le phytoplancton est l’illustration parfaite de la morale de la fable de La Fontaine !
Définition et cycle
Le phytoplancton, c’est l’ensemble des végétaux microscopiques qui dérivent dans les océans à relativement faible profondeur. N’oublions pas que nous partageons avec le phytoplancton 1/3 de nos gènes : ce n’est pas rien...
Comme la plupart des plantes, le phytoplancton fait appel à la photosynthèse pour se multiplier.
Pour que s’opère la photosynthèse, le phytoplancton a donc besoin de lumière, de dioxyde de carbone (CO2) et de nutriments. Ces nutriments se trouvent principalement dans les matières organiques, source d’azote, de phosphates et d’éléments encore plus rares comme le fer (que l’on ne trouve pas au large, d’où l’absence de phytoplancton). Les matières organiques sont en fait les déchets des organismes vivants (excréments) et les cadavres qui se décomposent ou qui sont mis en pièces par des prédateurs. La matière minérale libérée est ensuite absorbée par le phytoplancton. Ces nutriments sont très vite consommés par le phytoplancton dans la zone photique, c’est-à-dire là où la lumière permet la photosynthèse.
Plus en profondeur, ces nutriments s’accumulent, notamment du fait de la thermocline et aussi parce que la matière organique produite en surface coule. Ainsi, pour que le phytoplancton puisse avoir accès à ces nutriments « coulés », il faut un ou plusieurs moyens pour les faire remonter. L’un d’entre eux est un phénomène physique connu sous le nom d’« upwelling » : des remontées d’eaux froides profondes riches en nutriments.
Ce n’est pas le seul “ascenseur » de nutriments : on estime désormais que les animaux marins capables de migrations verticales, comme les cétacés par exemple, participent à la fertilisation des eaux de surface. Par leurs mouvements de descente et de remontée, ils « agitent » l’eau. Les cachalots, par exemple, vont se nourrir en profondeur ; le record de plongée enregistré à ce jour pour un cachalot est de 3000 mètres ! Un autre exemple : la raie manta capable de plongée à 1200 mètres de profondeur en 6 secondes...On a constaté que ces animaux marins défèquent en surface, restituant ainsi des nutriments pour le phytoplancton. D’où l’importance des baleines et autres animaux marins dans nos océans ! Pour en savoir plus sur le bienfaisant caca de baleine : Our Blue Planet : Whale Poo
Microscopique ET indispensable
Le phytoplancton est indispensable à la vie marine car il se trouve à la base du réseau alimentaire océanique. C’est sans doute son rôle le plus connu.
« Si les poissons pélagiques disparaissent, le zooplancton explose car il n’est plus consommé. A son tour, il consomme tous les phytoplanctons, et ces phytoplanctons, on le sait, c’est l’océan vivant. Ils jouent un rôle important dans la capacité de l’océan à fixer le gaz carbonique. Si l’océan n’est pas vivant, il ne joue pas du tout le rôle qu’on lui connaît sur la régulation du climat », Gilles Bœuf.
Le phytoplancton remplit une autre fonction tout aussi fondamentale pour notre planète : celui de poumon, à l’instar des forêts. Par la photosynthèse,il consomme la moitié du dioxyde de carbone dissous dans les mers et produit plus de 50% de l’oxygène terrestre diffusé à la surface des océans dans l’atmosphère, tout cela alors qu’il ne représente que 1% de la biomasse d’organismes photosynthétiques ! Autrement dit, si le phytoplancton disparaît, ce qui pourrait arriver avec la disparition des grands animaux marins et de la surpêche, et/ou l’acidification des océans, le taux actuel de l’oxygène sur Terre, pourtant stabilisé à environ 21% de l’air depuis 1,5 milliards d’années, pourrait baisser.Ce n’est pas pour tout de suite, bien sûr : nous aurons d’abord à faire face à un océan mort et aux conséquences que cela apportera ... et ça, ça pourrait bien être demain.
POLLUTION SPATIALE : ATTENTION !
Selon un rapport de la NASA de 2009, il y avait plus de 300 000 déchets en orbite autour de la planète, du minuscule débris de métal au satellite désactivé vieux de plusieurs décennies. Les débris spatiaux peuvent être d’origine naturelle (météoroïdes ) ou d’origine humaine (morceaux de fusée, fragments d’équipement, satellites en fin de vie). En 2017, ces débris en orbite étaient estimés à plus de 8000 tonnes. Les pays acteurs de la conquête spatiale étudient avec beaucoup d’attention les moindres déplacements des 29 000 plus gros objets de l’espace d’origine humaine (ceux d’une taille supérieure à 10 cm) ; quant à ceux de taille inférieure, les débris, il y en aurait des dizaines de millions.
De plus en plus de satellites sont lancés dans l’espace. Il y en aurait plus de 2000 actifs actuellement, en orbite près de la Terre ou plus loin, sur des positions géostationnaires. Une fois obsolètes, ils se transformeront à leur tour en débris. Le risque de collisions en chaîne de ces débris augmente donc proportionnellement avec la densité des déchets ; ces collisions génèrent encore plus de débris, rendant certaines zones de l’espace inutilisables.
"Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que même un petit débris – en raison de la vitesse à laquelle il progresse dans l’espace – peut faire exploser un satellite actif par exemple et cette explosion va générer un nouveau nuage de débris. Donc tous les débris sont des menaces potentielles”, explique Luisa Innocenti, responsable du programme Clean Space à l’Agence Spatiale Européenne.
L’existence de cette multitude de débris spatiaux génère au moins deux types de risques.
Le risque de collision accidentelle déjà évoquée : une vis d’1 cm en orbite autour de la Terre peut atteindre une vitesse de 28 000 km/h et avoir l’effet d’une grenade sur l’objet avec lequel elle entrera en contact. C’est pour cela que les propriétaires des satellites sont prévenus par les agences spatiales environ trois jours avant une éventuelle collision, afin qu’ils déplacent de quelques mètres leur appareil. Presque chaque semaine, des satellites verraient leur position modifiée. En ce qui concerne la Station spatiale internationale, elle est déplacée dès lors que le risque de collision est supérieur à 0,001%. Selon les experts, au rythme actuel, nous pourrions passer d’une collision tous les 5 ans à une collision par an d’ici 50 à 100 ans.
D’autre part, un risque de collision intentionnelle débouchant sur une crise politique, voire un conflit armé. Il est actuellement difficile d’analyser ces collisions et de statuer entre accidents et attaques délibérées d’un État vis-à-vis d’un autre. Dans la mesure où une collision avec des débris de quelques centimètres peut entraîner la destruction du plus sophistiqué des satellites militaires, on comprend quelles pourraient être les répercussions et les tensions générées par une telle situation.
Des solutions sont imaginées pour tenter de nettoyer l’espace. Les ingénieurs de l’Agence Spatiale Européenne mettent au point des techniques de récupération de ces “déchets de l’espace”, dans le cadre de la mission de nettoyage e.Deorbit. L’utilisation de bras robotique, de harpons, de filet de pêche ... mais ces idées ne sont pas encore des projets car elles ne bénéficient pas de financement. L’un des axes de développement est aussi la création de satellites nouvelle génération qui s’autodétruiront lors de leur rentrée atmosphérique. Et si les panneaux solaires sont facilement réduits en poussière, reste à trouver une solution pour détruire les composants plus résistants, en titane ou en acier, avant qu’ils ne percutent la Terre.
Donc polluer la planète ne nous suffit plus, nous polluons aussi l’espace. Les experts reconnaissent que des zones de l’espace sont désormais inutilisables. L’espace est donc une « ressource » finie, tout comme la planète Terre, l’eau et l’air qui la caractérisent...Surprise ?!
En tout cas, pour l’espace aussi, le « zéro déchet » est la meilleure solution :
"Pour résoudre le problème des débris spatiaux, il faut agir sur deux axes : d’abord il faut arrêter de polluer et ensuite il faut ramasser les déchets, autrement dit les débris”, ajoute Luisa Innocenti.
Actions soutenues par TENDUA
INDE : Le programme HURO de SVAA pour la protection du Gibbon Hoolock de l’Ouest
Début novembre 2018, SVAA a procédé au 3ème relâché dans la nature d’un jeune mâle gibbon qui a été sauvé puis soigné par le programme HURO. Il a été appelé Boopy. En 2016, SVAA avait procédé avec succès au relâché d’un couple de deux gibbons. Ils vont bien, mais pas encore de bébé à l’horizon. Ils n’ont que 10-11 ans chacun, et sont à peine sortis de l’adolescence.
Concernant Boopy le jeune célibataire, le relâché s’est bien déroulé, sur un site sélectionné où vit une femelle sauvage adulte d’au moins 30 ans.... Amené sur le site où une volière avait été construite fin octobre, Boopy s’est habitué à son nouvel environnement. Puis il a commencé à passer ses journées à l’extérieur de la volière. Il rentrait pour le dernier repas et pour passer la nuit, ce qui permettait aussi à l’équipe d’assurer le suivi. Selon Florian Magne, président de SVAA et responsable du projet : « Tout se passe vraiment bien : locomotion, nourriture, même s’il y a peu de fruits cette saison, d’où l’importance de la supplémentation. Nous le laissons libre quand la femelle est loin pour lui permettre de reconnaître le terrain avant tout, et pour nous, de l’évaluer ». La femelle s’intéressait à Boopy et s’approchait de la volière.Voici une vidéo où ils vocalisaient ensemble. Tout s’est bien passé pendant 5 jours, jusqu’à ce que Boopy se trouve hors de la volière face à la femelle et prenne peur. Ca ne marche pas à tous les coups, d’autant que les gibbons sont monogames : il faut avant tout se plaire... La réaction de Boopy a été de s’enfuir vers le village où l’équipe a pu le repérer à temps et le récupérer. Il est maintenant de retour au Sonja Wildlife Rescue Centre et pas question pour le moment de le relâcher. Bien sûr, le principal est que Boopy soit sain et sauf, mais la déception est là pour l’équipe car cela représente un travail de plusieurs mois. Le relâché de Boopy se fera après qu’il aura trouvé une compagne. Peut-être que Luna, une femelle gibbon sauvée par le programme et résidente du centre, et lui pourront former un couple ? En tout cas, pas de présentation avant l’année prochaine.
Un autre gibbon mâle du centre, Kalsin, serait un bon candidat pour le prochain relâché sur le même site. Plus âgé, plus fort, sa réaction sera différente à l’approche de la femelle sauvage qui, quant à elle, n’est pas agressive, mais rien n’est garanti. Avant tout, il faut reconstruire une volière plus loin dans la forêt. Et tout recommencer ... en tirant des enseignements sur ce qui s’est passé.
Bravo tout de même à SVAA qui sauve, soigne et permet aux animaux de retrouver une vie dans la nature.
NAMIBIE : Desert Lion Conservation
Le programme de conservation des lions du désert se poursuit. Tout d’abord, avec la mise en oeuvre depuis fin 2017 d’un plan de gestion des conflits homme/lion afin de rapporter tout conflit impliquant des lions dans la partie Nord-Ouest du pays. Cela a permis la mise en place d’une « équipe de réponse rapide » (Rapid Response team) avec un véhicule équipé. Depuis avril 2018, une autre étape du plan de gestion des conflits : le premier enregistreur des systèmes d’alertes avancées a été érigé à Driefontein dans la Torra Conservancy, lieu identifié comme étant l’une des zones les plus concernées par les conflits Homme/Lion ces dernières 20 années. Une unité d’enregistrement satellite a également été installée près de la Rivière Unab pour enregistrer les données des colliers satellite des lions et les relayer au serveur central.
Enfin, le suivi des lions et la translocation des animaux en cas de conflits. Fin mai 2018, un jeune mâle lion posant problème dans la région de Purros a été délocalisé vers l’ouest à 35km, et équipé d’un collier. On a pu le suivre quand il est parti vers le nord, mais son collier n’émet plus sans que l‘on sache pourquoi : s’est-il détaché ? Est-il en panne ? Est-il arrivé quelque chose au lion ? Un autre lion a généré des pertes de bétail et présentait un danger pour la région touristique de White Lady. Ce dernier a été immobilisé et transporté le 23 juillet 18 vers la côte, à l’embouchure de la rivière Ugab. Malheureusement, ce lion est revenu vers la région de White Lady en août. Le Ministère de l’Environnement et du Tourisme en a été informé. Nous n’avons pas d’information sur ce qui a été décidé concernant cet animal.
COLLECTIF CAP LOUP
TENDUA poursuit, au sein du collectif de CAP LOUP, son action de sensibilisation pour la protection des loups en France. Ce sont maintenant 41 associations qui constituent ce collectif.
L’État français a décidé d’abattre 40 loups pendant l’année 2017-2018 (arrêté cosigné par les ministres Nicolas Hulot, en charge de l’écologie, et Stéphane Travers, en charge de l’agriculture). Rien ne change donc, puisque le précédent gouvernement avait déjà organisé un tel abattage en 2016-2017 (40 tirs autorisés, 50 loups tués par l’Homme au total). Ces tirs, réalisés sous la pression des lobbies agricoles et cynégétiques, mettent en péril la population de loups et n’empêchent pas la prédation de continuer sur les troupeaux domestiques insuffisamment protégés.
Le nombre de loups pouvant être abattus, c’est-à-dire le « plafond » fixé par le Gouvernement sur 2017-2018 était de 40, puis de 43 et finalement de 51 loups. Sur le terrain, le bilan est le suivant : ce sont en fait 74 loups morts connus (probablement plus avec le braconnage), dont 45 loups abattus « légalement » (décomptés du « plafond »), 4 loups braconnés (décomptés), 25 loups tués sans preuve de braconnage (non décomptés).
Plus de 1000 citoyens ont contribué avec leur pancarte à former une mosaïque « #Stop au tirs des loups » .
Le 17/03/2018, TENDUA était présent à la manifestation avec d’autres représentants du collectif CAP LOUP (ASPAS, Association Green, EVI, La Trace du Loup...).
Actions de TENDUA
LA REUNION : Eco-volontariat Cétacés - saison 2018
Avec le club de plongée « le Dodo Palmé », TENDUA a réalisé 75 sorties entre le 17 juillet et le 14 octobre 2018, soit 10 de plus qu’en 2017. Nous avons sensibilisé environ 650 personnes à l’environnement (cétacés, pollution marine, surpêche et autres menaces..). Bravo aux éco-volontaires, particulièrement à Morgane qui a participé pratiquement à toutes les sorties. Une année exceptionnelle mais qui ne garantit rien pour 2019. A suivre.
Malheureusement, fin octobre 18, une jeune baleine à bosse femelle de deux ans (20 tonnes, 10 mètres) s’est échouée à plusieurs reprises au niveau des travaux pour la Nouvelle Route du Littoral (NRL) à la Grande Chaloupe, malgré les tentatives organisées pour la repousser vers le large. L’animal est décédée et une autopsie a été pratiquée. Aucun résultat d’analyse n’a encore été publié ; les observations faites par les vétérinaires qui ont pratiqué l’autopsie indiquent la présence de nombreux parasites, notamment dans un rein, mais cela ne suffit pas à expliquer ce qui s’est passé.
Espérons qu’il y aura plus de transparence sur ce cas que pour celui du delphineau retrouvé avec la mâchoire brisée dans le lagon de l’Ermitage en mars dernier, et qui a succombé à ses blessures. Une hypothèse expliquait que le jeune dauphin aurait pu se prendre sur des hameçons destinés à la pêche aux requins, d’autant que ces engins de pêche appâtés se trouvent précisément sur la côte ouest près des zones balnéaires. On attend toujours la publication des résultats d’analyses qui tardent à venir. Peu probable qu’ils soient publiées.
LA REUNION : pêche aux requins - 2018
La pêche aux requins, sous prétexte de sécurisation du littoral, se poursuit, le « shark business » des « pro-pêches » aussi. En 2018, le programme CAP REQUIN a changé de nom et d’organisme de tutelle (anciennement le Comité Régional des Pêches), mais la réalité reste la même : une pêche aux requins économiquement et écologiquement non justifiée. On regrette, avec les moyens financiers mis à la disposition du nouveau CRA (Centre de Ressources et d’Appui), que le site où sont recensés les prélèvements de requins ne soit pas à jour : au 28/11/18, aucune info sur les pêches qui ont eu lieu depuis juin 2018. Comme toujours, des infos tronquées sur les prises accessoires qui représentent réellement entre 60 et 80% des captures : raies guitares dont un spécimen a été capturé et remis à l’Aquarium de Saint-Gilles pour finir sa vie en bassin, requins marteaux, raies...
Selon le CRA, « la réduction du risque requin s’inscrit dans une démarche globale mettant en œuvre différentes solutions : c’est le concept des barrières complémentaires de sécurisation, qui se décline au travers de plusieurs mesures opérationnelles (observation humaine et technologique, capture ciblée, protection de zones de baignades et/ou d’activités nautiques…). ». Ca, C’EST DU BLA-BLA-BLA !!
La vérité du terrain, c’est :
- Observation humaine et technologique : les membres des « vigies-requins » qui ne font rien de toute la journée ou s’occupent en lavant leur véhicule quand ils ne sont pas en train de passer à toute vitesse au-dessus de la tête des plongeurs avec leur scooter des mers ;
- Protection de zones de baignades et/ou d’activités nautiques : ce sont des engins de pêche posés sur les sites de plongée ; les filets de protection de la plage de Saint-Gilles vandalisés à plusieurs reprises ;
- Observations et captures ciblées : des observateurs sortis d’un chapeau (plusieurs ONG de protection de l’environnement n’étaient pas qualifiées pour répondre à l’appel d’offre) et des rapports d’observations mentionnant une seule prise accessoire pour le 2ème trimestre 2018 (un barracuda !!) mais pas les coordonnées des observateurs....
Et le CRA de conclure : « La concentration de tout ou partie de ces mesures, dans un espace et à un moment donnés, permet d’agir positivement sur le niveau du risque requin. » FAUX, ARCHI-FAUX !! Une fois de plus !
Des études scientifiques récentes établissent que la pêche non sélective des requins est inutile pour faire baisser le risque et dangereuse pour l’environnement, ce que nous répétons depuis des années.
Pour en savoir plus sur ces études, lire l’article notre blog « protection-requins.org »
.
Enfin, depuis janvier 2014 jusqu’à 2018, ce sont 282 requins bouledogues et tigres qui ont été tués (plus les bébés requins non comptabilisés mais tués lors du prélèvement de femelles gestantes). Beaucoup trop. Ces chiffres ne tiennent pas compte de la pêche « ordinaire ». Mais pour un tel coût (= effort de pêche), avec de si faibles résultats, sur une période de 5 ans, aucune pêcherie privée n’aurait pu survivre économiquement.
Cela prouve également que les requins sont loin de « pulluler » dans les eaux de La Réunion.
Ce qui rend caduques également les revendications de certaines associations qui souhaitent lever l’interdiction de commercialisation de la viande de requin (pour rappel la commercialisation est interdite pour des raisons sanitaires (risque de ciguatera) sous prétexte de créer une filière économique qui ne serait évidemment pas rentable.
ÉGYPTE : un dugong menacé par les kitesurfers
Nous avons appris avec tristesse qu’il ne restait plus que 7 dugongs sur la très faible population de dugongs estimée en 2009 à 12 animaux, et en 2002 à 17 dugongs. La côte égyptienne de la Mer Rouge a connu un grand développement immobilier et touristique depuis 10 ans au détriment de l’environnement (cf. notre article). Un dugong vit actuellement près de Marsa Alam, dans la baie herbeuse de Al Nabaa, renommée “Kitesurfer Bay », un paradis pour les kitesurfers qui aperçoivent régulièrement le dugong, ou des tortues, venant respirer en surface. Un kitesurfer a d’ailleurs avoué avoir « malheureusement » décapité une tortue par erreur !!!!
Une seule question : pourquoi autoriser le kitesurfing dans cette baie de Al Nabaa, voisine de la baie protégée d’ Abu Dabbab, habitat de dugong ? Pourquoi ne pas déclarer cette baie protégée, comme l’est la baie voisine ? Nous avons interrogé l’HEPCA en novembre et nous espérons une réponse.
Reste à savoir si les propriétaires de l’hôtel « Three Corner Resorts » sont sensibles à la présence d’un dugong ou préfèrent l’argent du kitesurf. La réponse à ce jour semble évidente.
Merci à la touriste qui nous a contacté.
Insolite
Les crottes carrées du wombat (Vombatus ursinus)
Le 18 novembre 2018 à Atlanta, une équipe internationale conduite par l’Institut technologique de Géorgie, aux États-Unis, a présenté ses travaux sur la forme unique des crottes de wombat, lors du 71e Congrès de la Société américaine de physique. Ce sont les variations d’élasticité des parois intestinales de ces marsupiaux australiens qui permettent la formation des seules crottes carrées connues du règne animal. « Les humains ne disposent « que de deux méthodes pour fabriquer des cubes – nous les moulons ou nous les découpons – », les boyaux du wombat recèlent ainsi une troisième voie de fabrication qui pourrit inspirer les processus de production. Le wombat utilise ses déjections pour marquer son territoire. Les crottes carrées résisteraient-elles mieux au vent ??
Agenda
Mardi 04/12/18 : Colloque Biodiversité & Patrimoine
Biodiversité & Patrimoine, quelles alternatives aux pesticides pour les espaces verts et jardins ?
Lieu : Médiathèque de l’Architecture & du Patrimoine, Paris
Métro 8 – Liberté, à partir de 8h30. Gratuit sur inscription.
Samedi 08/12/18 : Marche pour le climat
Du 3 au 14 décembre aura lieu à Katowice en Pologne la Conférence annuelle sur le Climat, la COP 24.
A cette occasion, dans de nombreuses ville de France, les citoyens marchent pour le climat. Il s’agit de passer un message à la société et aux responsables politiques et économiques : IL EST TEMPS d’AGIR !
Du 11 au 14/01/2019 : Le 21e Salon de la Plongée
Porte de Versailles à Paris ; tarif entrée 1 journée : 13€ , billet 2 jours : 23€ ; 3 jours 29.